Alors que le dôme s’est transformé en forêt d’aluminium par l’effet d’un échafaudage aussi complexe qu’impressionnant, ils sont six à se relayer chaque semaine pour redonner tout leur éclat aux six fresques réalisées par Charles Soulacroix. Plongée au cœur d’un chantier aussi impressionnant que délicat.

Réalisées entre 1863 et 1865, les fresques qui ornent les chapelles du dôme de la Basilique Notre Dame de l’Immaculée Conception sont consacrées aux cycles de la vie de la Vierge : l’Immaculée Conception, la Nativité́ de la Vierge, la Présentation de la Vierge au temple, l’Annonciation, la Visitation, la Purification. Œuvres de Charles Soulacroix, mandaté par l’abbé́ Haffreingue, elles ont cette particularité́ d’être de véritables fresques, technique peu répandue en France.

Après un temps d’étude indispensable démarré en février 2021, la restauration proprement dite a débuté en fin d’année dernière. « On a commencé par prendre des photos et réaliser des relevés graphiques afin de reporter l’ensemble des altérations qui concernent le support ou la couche superficielle des fresques » explique Nina Robin, conservatrice – restauratrice de peinture. « La technique de réalisation d’une fresque suit un procédé particulier. L’application des pigments s’opère sur un enduit de chaux avant qu’il ne soit sec. On pose ainsi les couleurs « dans le frais » d’où le nom de fresque. »

Et comme souvent dans ce chantier monumental de restauration de la Basilique, le défi à relever est corsé. « En étudiant les écrits de Soulacroix, on a découvert qu’il avait utilisé du sable de mer ce qui a entraîné une très forte concentration de sels dans les enduits. Or, ceux-ci sont source d’altération. » La structure même du bâtiment, son exposition à un climat exposé au vent sans oublier son histoire mouvementée avec la Seconde Guerre Mondiale ont également fait bouger le monument entraînant la présence de fissures transversales qui ont altéré les fresques. Enfin, les différentes campagnes de restauration menées en 1889, 1928 et 1976 ne suivaient pas la même déontologie qu’aujourd’hui et ont aussi impactées ces œuvres d’art.

« Le métier a beaucoup évolué et s’établit aujourd’hui autour de plusieurs grands principes qui sont la lisibilité, la stabilité, la réversabilité et la compatibilité » reprend Nina Robin. Ne vous attendez donc pas à voir réapparaitre des visages ou des parties qui ont totalement disparus. « Personne n’est Soulacroix » abonde Véronique Tonnel, responsable de l’unité patrimoine bâti et mobilier. « Une œuvre d’art possède un caractère unique. Il n’est pas question de refaire une fresque de Soulacroix. On doit respecter la création originale. »

Le travail des restaurateurs s’est déroulé en plusieurs étapes. « Tout d’abord un dépoussiérage, un nettoyage avec retrait des concrétions de sels qui a permis de redonner beaucoup de luminosité à ces œuvres et une consolidation des enduits avec en parallèle un refixage des couches superficielles de peinture » détaille Nina Robin. Un vrai travail d’orfèvre pour distinguer l’œuvre originale des retouches postérieures. « C’est un vrai cas d’école » poursuit la restauratrice. « Ensuite, on a comblé les enduits manquants sur les grandes zones en se rapprochant le plus possible de la teinte originale grâce à différentes granulosités du sable mais cette fois sans sel à l’intérieur. Enfin, on réalise la réintégration ou la retouche picturale en utilisant un jus d’aquarelle très dilué. On suite la technique italienne du Ttrattegio qui permet, par petits traits, de réintégrer le motif et d’offrir une grande lisibilité au public qui va regarder cette œuvre de loin, tout en étant discernable de très près. »

Un vrai travail d’orfèvre réalisé par 20 restaurateurs indépendants qui se relaient par groupe de six chaque semaine, chacun apportant sa spécialité. La fin de la restauration est programmée dans la seconde partie du mois d’avril.

 

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